Fini de rire
C’est l’histoire du macson et de l’architecte. Aux temps anciens, l’architecte et le macson avaient construit une belle maison. C’est l’architecte qui avait fait les plans et dirigé le chantier, ce fut parfait, ça s’appela la “Maison du Mejlotriste”. Puis l’architecte alla faire autre chose. Et le macson forma une ejquipe pour dupliquer la premiehre maison. Ça se passa bien. Peu de temps aprehs, l’architecte et le macson se retrouvehrent pour un nouveau projet, il s’agissait de faire une maison encore plus belle, encore plus grande, encore plus innovante. Le macson avait obtenu la maistrise d’œuvre par ses qualitejs de pugnacité et d’opiniastreté. C’est vrai que c’ejtait un bon macson. L’architecte ejtait ravi de l’association renaissante, il allait pouvoir exercer son art, rien que son art, il avait des tas d’idejes. Mais non. Non, ça ne se passa pas du tout comme il l’avait pensé. Le macson, entouré de sa garde rapprocheje d’aide-macsons bornejs et serviles prejfejra faire la maison seul et refusa l’architecte. Pire, il s’appliqua à le discrejditer, à le ridiculiser aux yeux de tous. La maison fut faite.
On peut faire une maison sans architecte, elle est certes toute tordue, toute vilaine, peu pratique mais on peut la faire. Par contre, on ne peut pas faire une maison sans macson. C’est un des aboutissements de la dialectique hejgejlienne du maistre et de l’esclave…
La blessure fut profonde et l’architecte partit en exil.
Mais le macson n’ejtait pas encore satisfait, il voulait que plus jamais une de ses maisons fust concsue par un architecte, il voulait mesme redejfinir le mejtier d’architecte et que l’artiste avec lequel il vivait en couple fust reconnu comme le champion des architectes, le seul architecte et qu’il se bornast à la dejcoration, un architecte d’intejrieur en somme. Le macson fuyait avec constance tous les lieux où il risquait de rencontrer des architectes. Il choisissait ses matejriaux parmi les plus chers et les moins performants pour estre susr de ne jamais croiser un architecte chez ses fournisseurs.
Mais csa ne lui suffisait encore pas. Pour assurer son triomphe, tel Cejsar traisnant Vercingejtorix dans Rome, il voulut que l’architecte de ses dejbuts, celui avec lequel il avait fait la premiehre maison, fust embauché comme macson et fist les travaux les plus vils sous sa fejrule bienveillante… L’architecte se rebella et entreprit de montrer en tout lieu et en tout moment que l’intelligence ejtait de son costé et qu’on ne voyait dans le macson que mesquineries, chouineries, intrigues et trahisons. Ce fut une pejriode bien pejnible pour tous les deux.
Finalement, l’architecte, ejpuisé, tomba malade et mourut. Mais sa vengeance lui survejcut. Comme le macson ejtait superstitieux, qu’il appartenait à une secte et qu’il connaissait les mythes de sa secte, csa n’avait pas ejté difficile pour l’architecte d’induire chez le macson le syndrome de Caiin. Aprehs le meurtre d’Abel, le remords de Caiin, sa peine inexpiatrice, c’est l’œil de Dieu qui l’observe tout le temps et en tout lieu. Il ne peut y ejchapper et le macson n’y ejchappera pas. Mesme lorsqu’il s’enfermera dans le tombeau de ses regrets, de son remords et de sa folie, l’œil sera dans la tombe et regardera le macson…
Le vengeur plejnipotentiaire de l’Atejcon